La rentrée commence bien.
- Courtois Marion
- 5 nov. 2014
- 4 min de lecture
Retour en France, retour à la fac.
Pas de vacances, pas de transition, 35 degrés à Santiago, pluie à Paris, pas grave car j'ai mangé du lion. Je me lance dans une ultime aventure scolaire. Un second master 2. J'ai pris les devants pour rattraper les cours à distance et monter dans le train de l'atelier sans problème. Et.......
Un master 2 en urbanisme à l'UPEC qui commence bien mal. Le merveilleux accueil des responsables de la spécialité et du master n'est pas sans me rappeler ma fabuleuse rentrée en Master 1.
La conversation commence par un très bref résumé de mon parcours et la première bombe tombe " En gros , elle a choisi l'urba parce que l'humanitaire c'est bouché".
La suite de la conversation est une broderie de paroles faussement affables et de boulet de canon agressif. je me demande même pourquoi cette rencontre à existé puisque tout été déjà joué d'avance.
J'aurais donc grâce à ces 2 profs retenus quelques informations précieuses : - "Ce que j'ai fait avant ne compte pas". Je suis incompétente pour faire cet atelier tant différent, si difficile, orchestré par de vrais architectes ayant de vraies capacités. ( Après les ateliers de DUT, de licence, et les diagnostics à l'étranger, c'est charmant d'entendre cela. Tous mes profs de licence viennent de recevoir une épée dans le cœur.)
- Ne pas prendre d'initiative. Contacter tes profs et les autres élèves de ta promo pour récupérer les cours, prévenir de ton absence et sympathiser sans passer par tes responsables de master, c'est la pire erreur stratégique de ta vie d'étudiante indépendante que tu ai jamais faite.
Et rien que pour cela, on va te faire calculer des COS toute ta vie. - "VOUS N'ÊTES PAS ARCHITECTE", NDLR- donc je n'ai aucune compétence.
C'est un peu honteux de répéter cette phrase plusieurs fois dans une conversation. Je suis en formation à faculté d'urbanisme, si j'avais voulu être architecte, je me serais inscrite dans la fac d'en face. Voilà qui pose le tableau du dénigrement de la profession d'urbaniste au sein même du corps enseignant.
Et puis quand je vois les 2 qui sont en face de moi, ça me conforte dans ma décision. Soit dit en passant, cela ne m'a pas empêché d'avoir à mon actif l'animation d'atelier populaire urbain, les stages en mairies,les montagnes de rapports, la construction de maisons, la construction et mise sur pied d'un prototype d'hôpital avec des matériaux recyclés - qui sera définitivement livré en 2015. - Sélectionner un élève sur dossier ne veut pas dire que l'on a lu son dossier. La faille du sytème je suis. Ma rentrée en octobre dans un sens, c'est votre problème. Moi, je me suis renseigné durant les portes ouvertes, je l'ai dit dans la lettre de motivation, vous m'avez sélectionné, j'ai envoyé des mails à la secrétaire en aout pour vous rafraichir la mémoire sur ce mois d'absence et j'ai payé mon année. Vous pouvez toujours me reporcher de ne pas avoir anticipé ce qui me tombe sur le nez à cause de ce mois d'octobre au Chili, mais j'ai comme le sentiment que la personne qui n'a pas anticipé et qui se retrouve mal avec sa maquette de master n'est pas de mon côté de la table.
- On s'en fout de votre avis, on a programmé un emploi du temps en 1 an et demi. Car vous avez loupé un mois d'atelier et c'est énorme.Vous savez l'atelier c'est une dynamique de groupe, un travail en commun, oui vous en avez fait avant mais ce n'est pas pareil...
"Vous en pensez quoi?" Là, je sens que tu te fous de moi. Vu que vous me coupez la parole dès que j'exprime un avis et que de toute façon ce fameux: "Vous en pensez quoi?" se résume plus à "c'est ça ou c'est ça ou la porte."
Quand il n'y a qu'ne proposition on ne dit pas " on vous laisse le choix".
J'ai l'impression d'avoir autant de pouvoir de décision qu'un habitant à qui on expose un projet de rénovation urbaine dans une réunion de concertation et à qui on laisse le choix de la couleur des bancs. Parallèlement je pense aussi que j'ai une extraordinaire capacité à générer des scenarii gore durant une conversation anodine et que je suis au top du self-control pour éviter de pourrir mon année. Certains de mes amis seraient tellement content de cette évolution. Je me demande en passant si, ne pas donner son avis est considéré comme un mensonge, un acte de courage, un acte de lâcheté ou un acte de survie. Il va falloir que je demande cela au prochain moine bouddhiste que je croise. Après avoir peser le pour et le contre 5 secondes dans ma tête j'ai deux choix. Le reste de ma réflexion fut consacré à la remise aux normes de techniques de torture inquisitrice sur mes deux zigotos. Qui dit que l'imagination s'amenuise avec l'âge.
Repartir sur le terrain ou rester.
Suivre les cours et ravaler mes répliques durant un an et demi. Comme j'aime quand ça pique, je choisis le master. Pas le courage de re postuler pour la prochaine rentrée, pas de possibilité de me faire rembourser et surtout une merveilleuse occasion de montrer avec le reste de ma promo que:
" Nous ne sommes pas architectes !"
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