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La ville et ses habitants.

 

Pour qui est faite la ville ?

La réponse A : pour ses habitants.

Oui, mais en creusant, on se rend compte que la ville est aussi faite par les personnes qui la font... Est-ce claire ? Pas vraiment.

Une autre question. La ville est-elle faite par les hommes pour les hommes ? Ou encore : « La ville n'est-elle faite que pour des hommes valides et en bonne santé ? »

Encore un débat féministe ? Non ! Mais un débat quand même. J'ai vu pas mal d'article fleurir sur le sujet de la place de la femme en ville. Les femmes et l’espace public, pourquoi faut-il repenser nos rues, etc.

La ville est faite par des hommes et des femmes? Il y a des femmes dans les écoles d'ingénieurs, dans les écoles d'architecture et aussi en urbanisme. Il y a d'ailleurs toujours eu plus de femmes dans mes années d'urbanisme que d'homme. Pourtant possédant des attributs féminins et faisant moins d'1m60, parfois je doute du fait que la ville soit faite pour moi. Souvent même. À croire que quelque chose se passe entre les études d'urbanisme et l'application terrain. Est-ce que sorte de disparition de la gent féminine?

Les notions annexes 

 

L'urbanisme, ça sert à quoi ?

C'est une matière pluridisciplinaire qui s'intéresse à l'organisation de la ville, sa lecture, son utilisation et sa construction. On peut être urbaniste en faisant de la planification spatiale, des projets de développement ou encore en passant sa vie à calculer des surfaces habitables. Mais on peut aussi être urbaniste architecte, paysagiste, de la gestion de la salubrité.

 

L'approche genre ou plutôt les Genders studies.

 

On en parle beaucoup et on le met à toutes les sauces en ce moment. Ce n'est pas du féminisme mal placé. D'ailleurs, il n'y a pas une théorie du genre, ni même un concept fondateur, mais plusieurs mouvances.

On n'ouvrira pas le débat ici sur la nécessité de mettre au masculin une phrase quand le sujet est un groupe composé par 10 femmes et 1 homme. Car il n'y a pas que la relation homme-femme et la place de leurs groupes respectifs dans la société.

Depuis peu le gender mainstreaming occupe une place prépondérante dans la gestion de projet, l'approche de la qualité de vie ou dans l'écriture législative.

Au-delà de la place de l'homme et de la femme, il y a surtout la question posée des inégalités. Et de toutes ces petites choses cadrées par une société masculine/hétérosexuelle.

L'approche genre nous fait aussi nous poser des questions sur, les homosexuels, les transsexuels, le carcan hétérosexuel, l'éducation et les stéréotypes dont on se nourrit et que l'on perpétue.

Pour qui est faite la ville ?

 

« Ses habitants » oui, un bon point au fond.

Lorsque, juste pour la forme, vous testez la ville autrement, vous vous rendez compte que les lacunes urbaines sont nombreuses. La lisibilité des parcours n'est pas fluide pour les aveugles. Les fauteuils roulants préfèrent rouler sur la route, car les trottoirs sont trop souvent inaccessibles ou compliquer. Les personnes âgées se sentent vite dépassées. La catégorie des minis pouces (comme moi), ou la catégorie des géants doivent s'adapter, plus que vous ne le pensez aux dimensions pré calculées du mobilier urbain et des espaces publics et privés.  Une fois  que le  soleil se cache ? Mesdames... Eh bien, vous serez gentille de ne pas trop sortir la nuit. De toute façon, ça tombe bien, car vous préférez rester chez vous, non ?

 

L'homme lambda vit la ville sans se poser de question. L'autre trouve des stratégies pour s'adapter à elle.

Il faut alors se faire des parcours pour éviter ou privilégier certaines rues et certains quartiers. Il faut adopter un rythme de déplacement régulier pour ne pas être une gêne ou ne pas attirer l'attention. Il faut éviter d'être chargé en bagages, en sacs ou autre extension de votre vie privée qui apparait sur l'espace public. Il faut même parfois choisir vos vêtements et chaussures selon l'endroit où vous allez. Chaussures plates, imperméables et semelles antidérapantes sont un must. Si vous achetez autre chose, c'est que vous n'y mettez pas du vôtre.

 

L'espace public 

Force est de constater que les dépenses publiques en matière d'aménagement urbain, renouvèlent sans cesse une forme de discrimination. Le loisir extérieur et la Street culture, c'est surtout une affaire de « mecs ». C'est stéréotypé, mais je vois peu de ses demoiselles faire un foot ou du skate dehors.

 

Les transports, eux sont mixtes et ouverts à tous. Par contre vivant depuis peu à Paris, je tiens à vous dire que le métro est vraiment un lieu ouvert à tous, si vous n'avez pas de poussette, que vous n'êtes pas en fauteuil roulant et que vous marchez d'un bon pas dans les couloirs

 

Ville pour les piétons ou pour les voitures ?

Ville à un quart d'heure ou ville lente ? Délimitations physiques par des barrières ou effacement maximal des obstacles ?

La démarche qualité urbaine 

 

Vers un urbanisme inclusif plutôt qu'un qu'une discipline qui se concentre sur les genres...

 

Nous savons que l'urbanisme est une traduction des politiques publiques, mais aussi de la création d'espaces et de sentiments. On peut créer du bien-être, de la souffrance et de l'insécurité en aménagement urbain. Un lampadaire en plus ou en moins, un banc anti-mendicité, une dalle végétale et votre espace public change. La ville est un espace d'échange. Celui-ci n'est pas nécessairement oppressant ou violent.

 

Pourquoi créer un espace pour tous devient-il alors aussi compliqué ?

Nous avons tendance ( nous élèves urbanistes) à continuer à reproduire ce genre d'erreurs. L'inégalité coute cher et elle demande un investissement supplémentaire. Qu'il soit monétaire ou intellectuel. Changer des modèles ne va pas de soi. Diminuer les inégalités ne va pas de soi.

Moins facile encore de parler de la ville de façon concertée. Tu peux choisir la couleur de ton banc dans le nouveau parc, mais par contre, il faut éviter de venir titiller le maire avec le fait que ce fameux banc ne respecte pas la règlementation anti-collision pour handicapés

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Faut-il privilégier les femmes et les handicapés? Non. Il faut penser globalement et revoir les standards. Le privilège est forme de reconnaissance de la masculinité urbaine. Se dire : « Et ça ira pour les femmes et les fauteuils roulant ?"  C'est déjà avoir une image de départ biaisé.

Je n'en suis pas à vouloir créer des zones urbaines réservées aux femmes comme en Inde. Je sais aussi que l'urbanisme ne changera pas le monde des inégalités. On peut par contre faire notre part et arrondir les angles. Toutefois, en termes de planification spatiale, une petite pensée pour l'ensemble de la population serait la bienvenue.

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